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Epilogue

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La bataille du Congrès est terminée, j'exprime ma plus grande gratitude à tous ceux qui m'ont permis de la suivre et qui m'ont beaucoup appris sur l'histoire des Etats passés en revue, ainsi que mes remerciements aux lecteurs qui ont pris le temps de la partager sur ce blog. (L'article qui suit a été publié dans le numéro du Monde daté du 6 novembre)

Kentucky

Extrait du compte twitter Team Mitch, de Mitch McConnell, nouveau chef de la majorité républicaine au sénat

Haro sur les trois déserteurs ! Trois semaines avant le 4 novembre, le site Politico avait peu charitablement désigné les boucs émissaires démocrates de la défaite sénatoriale à venir : Max Baucus, Tim Johnson et Jay Rockefeller. Elus sur leur nom en terres républicaines (Montana, Dakota du Sud et Virginie Occidentale), les trois sénateurs avaient choisi de ne pas se représenter, le premier préférant devenir ambassadeur à Pékin, le deuxième pour raisons de santé, et le troisième par lassitude. Faute de relève, ils permettaient aux républicains de commencer la soirée électorale en ayant déjà parcouru la moitié du chemin pour parvenir aux six sièges nécessaires pour prendre le contrôle du Sénat. Les heures qui allaient suivre devaient relativiser leur responsabilité dans la débâcle.

Alison Lundergan Grimes, battue dans le Kentucky

Alison Lundergan Grimes, battue dans le Kentucky

Les premières alertes venaient du New Hamsphire, Etat « bleu », où le républicain Scott Brown, candidat-voyageur (il représentait auparavant le Massachusetts où il avait conquis le siège de sénateur de Ted Kennedy avant d’être battu par Elizabeth Warren), accrochait Jeanne Shaheen. En Caroline du Nord, où Mitt Romney l’avait emporté sur Barack Obama en 2012, la sénatrice sortante Kay Hagan était sérieusement menacée, tout comme était distancée Michelle Nunn, qui espérait grappiller un siège aux républicains en Géorgie en s’appuyant sur l’image de son père, l’ancien sénateur Sam Nunn, qui lui avait obligeamment donné la réplique dans ses publicités de campagne.

Mais la soirée ne tournait pas à l’avantage des dynasties sudistes démocrates, citadelles menacées dans des Etats « rouges ». En Louisiane, Mary Landrieu avait également convoqué dans la campagne son père, Moon, ancien maire de la Nouvelle-Orléans, un poste occupé aujourd’hui par son frère Michael. Face à des républicains pourtant divisés, elle ne parvenait pourtant qu’à obtenir un second tour, fixé au 6 décembre, mais sans doute uniquement pour retarder la défaite de quelques semaines compte tenu de l’avance que promettait à son adversaire, Bill Cassidy, le report des voix d’un second candidat républicain soutenu par le Tea Party.

Plus au nord, les digues cédaient de toutes parts. Dans l’Arkansas, l’Etat de Bill Clinton, celui-ci était venu trois fois sur place pour remobiliser son camp, un autre « fils de », Mark Pryor, élu triomphalement en l’absence de candidat républicain en 2008, mordait brutalement la poussière, battu à plates coutures par un jeune loup de 37 ans passé par Harvard, l’Irak et l’Afghanistan, Tom Cotton. Dans le Colorado, un autre quadragénaire républicain, Cory Gardner, remportait le siège détenu par Mark Udall dans un Etat pourtant gagné par Barack Obama en 2008 comme en 2012.

Cory Gardner, victorieux dans le Colorado

Cory Gardner, victorieux dans le Colorado

Les deux sénateurs sortants n’avaient pourtant pas ménagé leurs efforts pour se distancier d’un président impopulaire. Comme la candidate Alison Lundergan Grimes dans le Kentucky, ou Natalie Tennant en Virginie Occidentale, ils avaient mis en scène à traits appuyés leurs différences avec M. Obama, sur le contrôle des armes à feu, ou le charbon, croyant échapper au référendum sur le président qui s’annonçait en exaltant l’identité de leurs Etats respectifs. Cette tactique ne portait pas ses fruits.

D’autant que dans le même temps, le Parti républicain conservait tous les sièges qu’il remettait en jeu. Mitch McConnell, élu pour la première fois en 1984 dans le Kentucky, était le premier à savourer la victoire, espérant une vague bleue pour accomplir son rêve de devenir le chef d’une nouvelle majorité. David Perdue devait attendre un peu plus longtemps pour échapper à un second tour en Géorgie, pour un siège laissé vacant. Il ne restait plus alors que le Kansas pour freiner la progression républicaine.

Dans cet Etat conservateur, les démocrates avaient choisi de s’en remettre à un indépendant, un quadragénaire énergique, Greg Orman, homme d’affaires, qui refusait pourtant d’exclure de rejoindre, une fois élu, le « caucus » républicain. Enlisée après une « primaire » difficile face à cet adversaire insaisissable, la campagne du sénateur sortant Pat Roberts, 78 ans, avait été reprise en main en septembre. Un défilé ininterrompu de vedettes républicaines, des plus modérées aux plus conservatrices, de Mitt Romney et Jeb Bush à Ted Cruz et Sarah Palin, avaient battu la campagne pour sauver l’ancien marine Roberts. Dans la patrie du groupe des frères Koch, grands argentiers des conservateurs, un torrent de publicités négatives produisait ses effets mardi soir avec la victoire du sortant.

Joni Ernst, désormais sénatrice de l'Iowa

Joni Ernst, désormais sénatrice de l'Iowa

Un peu avant minuit, la Caroline du Nord, l’élection sénatoriale la plus onéreuse de l’histoire des Etats-Unis, coûtait finalement leur majorité aux démocrates. Qui perdaient aussitôt un nouveau siège en terre « bleue », l’Iowa. C’est là ou l’aventure présidentielle de Barack Obama avait débuté un peu plus de six ans plus tôt, entretenue par la capacité de mobiliser des groupes d’électeurs, les minorités ethniques, les femmes et les jeunes traditionnellement plus abstentionnistes.

C’est dans l’Iowa où les espoirs démocrates de conserver au moins l’une des deux Chambres étaient finalement définitivement enterrés par la première femme élue à un poste national, Joni Ernst. Sans même avoir à attendre la Louisiane, ni l’issue de l’élection sénatoriale en Alaska, une autre place forte républicaine où un autre sénateur démocrate s’était éloigné du président pour tenter de sauver son siège, Mark Begich, sans plus de succès.


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